Open source … l’expression est vieille de plus de vingt ans désormais. Par définition, l’open source ou « code source ouvert » est un concept qui s'applique aux logiciels (et de façon générale aux œuvres de l’esprit) dont la licence respecte des critères précisément établis par l'Open Source Initiative, c'est-à-dire les possibilités de libre redistribution, d'accès au code source et de création de travaux dérivés. Mis à la disposition du grand public, ce code source est généralement le résultat d'une collaboration entre programmeurs. Le mouvement open source s'est constitué sous l'impulsion d'Eric Raymond et n’est pas à confondre avec celui du logiciel libre qui prône des valeurs philosophiques et politiques de justice, tandis que l'open source se focalise sur des considérations techniques du développement logiciel et ne voit pas de problème à l'utilisation de systèmes intégrés combinant logiciels propriétaires et logiciels open source. Toutefois, dans la pratique, une grande majorité des logiciels open source sont également libres.
À date, le mouvement open source a pénétré la quasi-totalité des domaines de l’informatique et les entreprises technologiques s’y intéressent de plus en plus. Dans une publication parue il y a peu, le créateur du réseau social Manyverse s’attaque à l’un ses principaux maux : la rémunération des développeurs. Dans une sphère alimentée par les dons qui permettent de dégager le « salaire » des mainteneurs, Andre Staltz note que « la plupart [80 %] des projets open source considérés comme durables reçoivent en fait un revenu inférieur aux normes de l'industrie ou même inférieur au seuil de pauvreté. » Dans les chiffres, le créateur du réseau social Manyverse a passé en revue les 58 projets les plus populaires de la plateforme OpenCollective – un choix qu’il justifie par la disponibilité des données financières des projets qui y sont listés.
« Plus de 50 % des projets sont marqués en rouge : il s'agit de ceux qui ne peuvent pas apporter le soutien nécessaire à leurs mainteneurs en dessous du seuil de pauvreté. 31 % des projets sont marqués en orange et se composent de développeurs prêts à travailler pour un salaire qui serait considéré comme inacceptable dans notre industrie. 12 % sont marqués en vert et seulement 3 % sont marqués en bleu : Webpack et Vue.js. Le revenu par étoile GitHub est important : les projets durables ont généralement plus de 2 $ par étoile. Cependant, la valeur médiane est de 1,22 $ par étoile. La taille de l'équipe est également importante pour la durabilité : plus l'équipe est petite, plus elle a de possibilités de soutenir ses mainteneurs. Le don médian par année est de 217 $, ce qui est substantiel lorsqu'on fait une analyse du point de vue individuel, mais en réalité, cela inclut le parrainage d'entreprises qui le font aussi pour leurs propres besoins de marketing », précise-t-il.
Alors, quelle compensation pour un développeur qui se consacrerait à temps plein à un projet open source ? Pas plus de 22 000 $, ce qui est inférieur aux normes de l’industrie (basées sur un sondage StackOverflow) qui fixent la fourchette admissible entre 40 000 $ et 100 000 $. « Le salaire médian est d'environ 9 000 $, ce qui est inférieur au seuil de pauvreté [américain]. Si l'on répartit cet argent également, cela représente environ 22 000 $, ce qui est encore inférieur aux normes de l'industrie », écrit-t-il.
Staltz est d’avis que l’un des problèmes avec l’open source est que « ces projets sur lesquels plusieurs entreprises s’appuient ont besoin de dons et n’en reçoivent pas assez. » « 2,5 millions de dollars par an pour tous ces projets [ceux de son enquête] ce n’est pas assez. Ce n’est pas le modèle de financement par dons qui fait problème, mais bien cette culture d’entreprise qui consiste à s’inspirer de l’open source beaucoup plus qu’elle ne lui apporte. Le partage est l'essence même de l'open source. Ce n'est pas seulement une question d'argent. Il s'agit pour tous les intervenants de garder à l'esprit qu'il faut des contributions logicielles, de la documentation, etc. En tous cas, je crois en ce modèle. », ajoute-t-il.
« Dès le départ, il faut lancer le projet sous une licence copyleft forte. Il faut ensuite entamer une campagne de financement participatif pour transformer la licence du projet en une autre plus permissive une fois qu'un financement suffisant est disponible », suggère-t-il en guise de modèle de financement de projet open source.
Il y a peu, Havoc Pennington, un ancien ingénieur chez Red Hat, a fait une sortie pour souligner à sa façon les maux dont l’open source souffre. Il avait lui aussi relevé qu’une grande majorité d’entreprises qui s’appuient sur des solutions open source se contentent de faire de minimes dons à ces projets alors que les logiciels ainsi acquis leur rapportent bien plus. « L’open source n’est pas à confondre avec les œuvres de charité », avait-t-il lancé.
Source : billet Staltz
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
Les développeurs qui œuvrent dans la sphère de l’open source sont-ils sous-financés et exploités ?
Êtes-vous d’accord avec l’affirmation selon laquelle les entreprises bénéficient plus de l’open source qu’elles ne contribuent à le soutenir ?
Quel modèle de financement proposez-vous pour les projets open source ?
Voir aussi :
L'open source souffre-t-il d'un problème du « travail gratuit » ? Oui, selon Havoc Pennington
Logiciel libre et open source : les deux concepts sont parfois utilisés de manière interchangeable, mais quelle est la différence ?
Richard Stallman : « l'open source est un substitut amoral et dépolitisé du mouvement du logiciel libre » qui n'ose pas défendre la liberté
Quelles sont les entreprises qui contribuent le plus aux projets open source ? Microsoft positionné en tête sur GitHub
Open source : les développeurs sont-ils sous-financés et exploités ? Oui
D'après le créateur du réseau social Manyverse
Open source : les développeurs sont-ils sous-financés et exploités ? Oui
D'après le créateur du réseau social Manyverse
Le , par Patrick Ruiz
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !