Des développeurs de logiciels russes signalent que leurs comptes GitHub sont suspendus sans avertissement. Motif : ils travaillent ou ont travaillé pour des entreprises qui apparaissent sur la liste des sanctions du gouvernement américain en représailles à l’invasion russe en cours en Ukraine. La situation ravive le débat sur la question de savoir s’il faut bloquer l’accès des Russes aux logiciels open source. Le mouvement open source doit-il souffrir des politiques des pays ?
Les comptes GitHub de Sberbank Technology, Sberbank AI Lab et Alfa Bank Laboratory vu leurs dépôts de code désactivés dans un premier temps. À date, ils ont fait l’objet de retrait de la plateforme d’hébergement et de gestion de codes sources. Ce n’est pas une surprise si l'on considère que ces entreprises ont été sanctionnées par le Trésor américain la semaine dernière et que Microsoft possède GitHub, une entreprise américaine. C’est la suspension des comptes privés de dizaines d'individus qui n'hébergent aucun contenu lié à une quelconque entité sanctionnée qui l’est.
Les signalements sont issus de tiers qui ont travaillé pour des entreprises qui apparaissent sur la liste des sanctions du gouvernement américain en représailles à l’opération militaire russe en Ukraine.
Les comptes personnels suspendus sur GitHub ont leur contenu effacé et tous les dépôts deviennent immédiatement inaccessibles. Les développeurs suspendus reçoivent un courriel qui leur explique que les motifs de la suspension et contient un lien pour les tiers désireux de faire appel contre la suspension.
Des observateurs sont d’avis que de telles postures mettent à mal l’esprit open source qui prône la liberté d’accès à l’information sans discrimination : « Oui, il est mal d’envisager de limiter l’accès à la radio "publique". Si vous souhaitez rendre les médias "publics", alors gardez-les publics. Soutenez la liberté d'accès à l'information. Si vous souhaitez faire une radio privée, c'est bien, car cela signifie par défaut qu'elle est confidentielle, privée. Pas pour tout le monde. »
C’est en lien avec cet état de choses qu’un responsable de Huawei a déclaré : « Si la Chine ne dispose pas de sa propre communauté open source pour maintenir et gérer les projets, notre industrie nationale du logiciel sera très vulnérable à des facteurs incontrôlables. » L’intervention de Wang Chenglu pointait du doigt les sanctions à répétition des autorités américaines. La Chine s’appuie donc sur Gitee – son alternative à GitHub pour apporter réponse à la mainmise américaine.
L’officialisation de Gitee a un bon côté : elle vient créer de la concurrence dans un secteur des services en ligne dominé par les plateformes US. Elle n’échappe cependant pas à la dualité, la Chine étant connue comme le pays où la fiction Big Brother de 1984 tend à devenir réalité. Avec ses 10 millions de dépôts, les autorités chinoises positionnent déjà Gitee comme deuxième plus grosse plateforme d’hébergement et de gestion de projets logiciels open source. Les murs ne cessent de s’élever de part et d’autre et avec eux le risque que l’on s’achemine de plus en plus vers la fin du rêve d’Internet : communication sans frontières et connaissance pour tous.
Et vous ?
L’open source doit-il souffrir des politiques des pays ? Est-il possible qu’il en soit autrement ?
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GitHub suspend les comptes de développeurs russes travaillant dans des entreprises sur la liste des sanctions du gouvernement américain
En représailles à l'invasion russe en cours en Ukraine
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Le , par Patrick Ruiz
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