L’open source a désormais pénétré la quasi-totalité des domaines de l’informatique. Pourtant, le mouvement continue de traîner l’un de ses principaux maux : la rémunération de ses intervenants. La situation est telle que certains en arrivent à corrompre des bibliothèques largement utilisées pour ne plus avoir à soutenir les entreprises du Fortune 500 de façon gratuite. Quelles leçons la sphère de l’open source doit-elle tirer de la récente corruption des bibliothèques npm faker.js et colors.js ?
La bibliothèque colors a eu plus de 20 millions de téléchargements hebdomadaires uniquement sur npm et compte près de 19 000 projets qui en dépendent. Tandis que, faker a eu plus de 2,8 millions de téléchargements hebdomadaires sur npm et compte plus de 2500 personnes à charge.
Dans l'un des messages du développeur sur GitHub datant de novembre 2020, il déclare qu'il ne veut plus faire de travail gratuit. « Avec tout mon respect, je ne vais plus soutenir les Fortune 500 (et d'autres entreprises de plus petite taille) avec mon travail gratuit. Saisissez cela comme une opportunité de m'envoyer un contrat annuel à six chiffres ou de forker le projet et demander à quelqu'un d'autre de travailler dessus », disait-il. Marak Squires affirme désormais que la récente corruption du registre de logiciels npm "faker.js" et "colors.js" est la résultante d’une erreur de programmation.
Marak Squires, a introduit un commit (une révision de fichier sur GitHub) dans colours.js qui ajoute un nouveau module de drapeau américain, ainsi que le déploiement de la version 6.6.6 de faker.js, déclenchant la même tournure destructrice des événements. Les versions sabotées amènent les applications à produire à l'infini des lettres et des symboles étranges qui commencent par trois lignes de texte qui se lisent « LIBERTY LIBERTY LIBERTY ».
Marak exprime-t-il tout haut ce que l’ensemble de la communauté open source pense tout bas ?
C’est ce que laisse penser un sondage de Digital Ocean. Ce dernier s’appuie sur les retours de 4440 développeurs participant aux projets open source et issus d’Amérique du Nord, d’Europe et de la région Asie-Pacifique. Plus de la moitié des répondants estiment que les participants devraient être payés pour contribuer aux projets open source (54 %), tandis qu'environ un tiers restent indécis. Seuls 12 % des répondants sont contre le fait de payer les individus pour leurs contributions.
En ce qui concerne la question de savoir qui doit être payé, le rapport met une division entre répondants en lumière. 35 % pensent que les mainteneurs doivent être rémunérés, 30 % préconisent que les contributeurs soient rémunérés et 25 % sont d'avis que les auteurs doivent être rémunérés pour leur travail. Il est intéressant de noter que les jeunes générations sont beaucoup plus favorables au paiement des contributions à l'open source que certains de leurs pairs plus âgés. 60 % des répondants âgés de 18 à 24 ans pensent que les individus devraient être rémunérés pour leurs contributions à l'open source, alors que seulement 53 % des 25 à 34 ans, 51 % des 35 à 44 ans, 42 % des 45 à 54 ans et seulement 34 % des plus de 55 ans sont d'accord.
Les répondants ont également été interrogés sur la question de savoir qui devrait financer ces paiements. Environ la moitié des répondants pensent que les entreprises technologiques devraient financer le paiement des contributions à l'open source, tandis qu'un quart pensent que les propriétaires de projets ou les particuliers devraient payer.
Dans une sphère alimentée par les dons qui permettent de dégager le « salaire » des mainteneurs, Andre Staltz note que « la plupart [80 %] des projets open source considérés comme durables reçoivent en fait un revenu inférieur aux normes de l'industrie ou même inférieur au seuil de pauvreté. » Dans les chiffres, le créateur du réseau social Manyverse passait en revue les 58 projets les plus populaires de la plateforme OpenCollective – un choix qu’il justifie par la disponibilité des données financières des projets qui y sont listés.
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
Les développeurs qui œuvrent dans la sphère de l’open source sont-ils sous-financés et exploités ?
Êtes-vous d’accord avec l’affirmation selon laquelle les entreprises bénéficient plus de l’open source qu’elles ne contribuent à le soutenir ?
Quel modèle de financement proposez-vous pour les projets open source ?
Quelle leçon tirez-vous de la récente corruption du registre de logiciels npm "faker.js" et "colors.js" en tant que développeur ?
Voir aussi :
L'open source souffre-t-il d'un problème du « travail gratuit » ? Oui, selon Havoc Pennington
Logiciel libre et open source : les deux concepts sont parfois utilisés de manière interchangeable, mais quelle est la différence ?
Richard Stallman : « l'open source est un substitut amoral et dépolitisé du mouvement du logiciel libre » qui n'ose pas défendre la liberté
Quelles sont les entreprises qui contribuent le plus aux projets open source ? Microsoft positionnée en tête sur GitHub
Marak, l'auteur de la récente corruption du registre de logiciels npm "faker.js" et "colors.js" affirme qu'il s'agissait d'une erreur de programmation
Et souhaite que Github lève son bannissement
Marak, l'auteur de la récente corruption du registre de logiciels npm "faker.js" et "colors.js" affirme qu'il s'agissait d'une erreur de programmation
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Le , par Patrick Ruiz
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