Open source … l’expression est vieille de plus de vingt ans désormais. Le mouvement a désormais pénétré la quasi-totalité des domaines de l’informatique. Pourtant, il continue de traîner l’un de ses principaux maux : la rémunération de ses intervenants. Open source semble être devenu synonyme de travail gratuit. Un récent sondage de Digital Ocean l’illustre. Il indique que les développeurs estiment qu’ils doivent percevoir une rémunération pour leurs contributions, et ce, des grosses entreprises technologiques en premier.
Le sondage s’appuie sur les retours de 4440 développeurs participant aux projets open source et issus d’Amérique du Nord, d’Europe et de la région Asie-Pacifique. Plus de la moitié des répondants estiment que les participants devraient être payés pour contribuer aux projets open source (54 %), tandis qu'environ un tiers restent indécis. Seuls 12 % des répondants sont contre le fait de payer les individus pour leurs contributions.
En ce qui concerne la question de savoir qui doit être payé, le rapport met une division entre répondants en lumière. 35 % pensent que les mainteneurs doivent être rémunérés, 30 % préconisent que les contributeurs soient rémunérés et 25 % sont d'avis que les auteurs doivent être rémunérés pour leur travail. Il est intéressant de noter que les jeunes générations sont beaucoup plus favorables au paiement des contributions à l'open source que certains de leurs pairs plus âgés. 60 % des répondants âgés de 18 à 24 ans pensent que les individus devraient être rémunérés pour leurs contributions à l'open source, alors que seulement 53 % des 25 à 34 ans, 51 % des 35 à 44 ans, 42 % des 45 à 54 ans et seulement 34 % des plus de 55 ans sont d'accord.
Les répondants ont également été interrogés sur la question de savoir qui devrait financer ces paiements. Environ la moitié des répondants pensent que les entreprises technologiques devraient financer le paiement des contributions à l'open source, tandis qu'un quart pensent que les propriétaires de projets ou les particuliers devraient payer.
Dans une sphère alimentée par les dons qui permettent de dégager le « salaire » des mainteneurs, Andre Staltz note que « la plupart [80 %] des projets open source considérés comme durables reçoivent en fait un revenu inférieur aux normes de l'industrie ou même inférieur au seuil de pauvreté. » Dans les chiffres, le créateur du réseau social Manyverse passait en revue les 58 projets les plus populaires de la plateforme OpenCollective – un choix qu’il justifie par la disponibilité des données financières des projets qui y sont listés.
« Plus de 50 % des projets sont marqués en rouge : il s'agit de ceux qui ne peuvent pas apporter le soutien nécessaire à leurs mainteneurs en dessous du seuil de pauvreté. 31 % des projets sont marqués en orange et se composent de développeurs prêts à travailler pour un salaire qui serait considéré comme inacceptable dans notre industrie. 12 % sont marqués en vert et seulement 3 % sont marqués en bleu : Webpack et Vue.js. Le revenu par étoile GitHub est important : les projets durables ont généralement plus de 2 $ par étoile. Cependant, la valeur médiane est de 1,22 $ par étoile. La taille de l'équipe est également importante pour la durabilité : plus l'équipe est petite, plus elle a de possibilités de soutenir ses mainteneurs. Le don médian par année est de 217 $, ce qui est substantiel lorsqu'on fait une analyse du point de vue individuel, mais en réalité, cela inclut le parrainage d'entreprises qui le font aussi pour leurs propres besoins de marketing », ajoute-t-il en s’aidant de statistiques 2019 de GitHub et OpenCollective.
Staltz est d’avis que l’un des problèmes avec l’open source est que « ces projets sur lesquels plusieurs entreprises s’appuient ont besoin de dons et n’en reçoivent pas assez. » « 2,5 millions de dollars par an pour tous ces projets [ceux de son enquête] ce n’est pas assez. Ce n’est pas le modèle de financement par dons qui fait problème, mais bien cette culture d’entreprise qui consiste à s’inspirer de l’open source beaucoup plus qu’elle ne lui apporte. Le partage est l'essence même de l'open source. Ce n'est pas seulement une question d'argent. Il s'agit pour tous les intervenants de garder à l'esprit qu'il faut des contributions logicielles, de la documentation, etc. En tous cas, je crois en ce modèle. », ajoute-t-il.
« Dès le départ, il faut lancer le projet sous une licence copyleft forte. Il faut ensuite entamer une campagne de financement participatif pour transformer la licence du projet en une autre plus permissive une fois qu'un financement suffisant est disponible », suggère-t-il en guise de modèle de financement de projet open source.
Bien que la participation globale à l'open source ait diminué en 2020 selon le sondage de Digital Ocean, 63 % de ceux qui ont participé activement signalent une augmentation de leur activité. Cela est dû à trois facteurs : 29 % disent avoir eu plus de temps libre, 28 % veulent utiliser ce temps pour apprendre et 15 % sont catégoriques quant à leur contribution à une cause qui leur tient à cœur.
Les personnes interrogées font également état d'une plus grande attention portée à la santé mentale, à l'intégration, à la création de réseaux pour aider les autres à trouver un nouvel emploi et au mentorat pour aider les autres à apprendre.
Si 59 % des personnes interrogées estiment que la communauté open source est ouverte à tous, quels que soient leur profil démographique, leur niveau d'expérience et leur lieu de résidence, les femmes (46 %) et les personnes non binaires (42 %) sont moins nombreuses que les hommes (62 %) à penser que cela est vrai.
Source : Digital Ocean
Et vous ?
Êtes-vous pour ou contre le fait de payer les individus pour leurs contributions open source ?
Qui doit financer le paiement des contributions à l’open source ? Les grosses entreprises technologiques ? Les propriétaires desdits projets ? Les utilisateurs ?
Quel est le modèle de financement le plus approprié pour la filière open source ?
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D'après un sondage de Digital Ocean
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Le , par Patrick Ruiz
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