Linux ou plutôt GNU/Linux sont des systèmes d’exploitation libres, dont le nombre d’utilisateurs en France est estimé à près de 20 % (en comptant Android qui possède un noyau basé sur Linux). Des associations, entreprises, récupèrent des ordinateurs considérés comme obsolètes pour les reconditionner sous Linux. Ces systèmes d’exploitation gratuits, performants, libres et consommant moins de ressources que des systèmes propriétaires permettent de donner une seconde, voire une troisième vie ou plus à l’ordinateur. Utilisé par les citoyens, Linux l’est aussi par des administrations françaises. La gendarmerie nationale, la direction générale des impôts et le ministère de la Culture équipent la plupart de leurs ordinateurs avec Linux.
La législation Européenne comme Française privilégie le reconditionnement au recyclage. Malgré ce contexte favorable, parmi les nombreuses structures de reconditionnement sous Linux qui embauchent des salariés en contrats aidés, peu sont pérennes et autonomes financièrement.
Ordi-Linux propose :
- d’amener des informations afin de débloquer cet illogisme ;
- d’apporter des solutions pérennes et des possibilités de financement de ces structures ;
- d’analyser les blocages ;
- de faire un état des lieux global de la situation ;
- d’apporter des solutions aux problèmes rencontrés pour le passage sous Linux.
Les bénéfices sont nombreux et pas seulement financiers. Cependant l'équilibre économique conditionne l’existence des reconditionneurs d'ordinateurs sous Linux.
Une reconnaissance des reconditionneurs
Théoriquement, une reconnaissance est possible pour les reconditionneurs par un label Ordi 2.0.
Dans la pratique, plusieurs reconditionneurs ayant fait la demande et des relances, n’ont pas eu de réponse. C’est ainsi depuis environ trois ans.
Actuellement, les ordinateurs sont jetés dans des bennes d’Éco-systèmes pour être recyclés. Ce « stockage » les endommagent.
Pour appliquer le cadre législatif actuel [1], il faut une mise à disposition du matériel en amont d’Éco-systèmes, afin de le trier et voir ce qui est valorisable. Une récupération de ce qui ne l’est pas est ensuite récupéré par Éco-systèmes gratuitement (ce qui est déjà le cas pour les reconditionneurs). Encore faut-il que les reconditionneurs soient reconnus.
Une plate-forme de récupération
Il est nécessaire d’avoir une plate-forme de dépôt type « bâtiment industriel ».
La plupart des reconditionneurs sont de petites structures qui n’ont pas les moyens financiers, tout comme les artistes, Fab labs et autres intervenants dans le domaine.
Une fois l’activité démarrée et l’augmentation du volume traité, il serait alors possible de payer le loyer, les frais de bâtiment et de rembourser les frais d’installation.
L’investissement est donc un problème à étudier. Par expérience, l’association Nâga estime que 50 % au moins des ordinateurs des particuliers sont reconditionnables (et bien plus pour la valorisation en général). Pour les entreprises, ce chiffre est supérieur à 80%. Ceci aiderait grandement à atteindre le quota fixé par le cadre législatif.
Linux au sein des établissements scolaires
Avec une augmentation des ordinateurs reconditionnés, l’offre dépasserait la demande.
Une des possibilités serait l’introduction de Linux dans les établissements scolaires de manière systématique. Des distributions Linux dédiées à l’éducation sont déjà utilisées dans les écoles.
La France compte 12 775 400 élèves et apprentis [2]. En 2012, en France, les établissements scolaires disposent de 20 postes pour 100 élèves et certainement plus à présent. [3]
Un poste neuf sous système d’exploitation propriétaire coûte environ 400 euros.
Un poste reconditionné système d’exploitation libre coûte environ 100 euros (avec une possibilité de garantie inclue de deux ans).
Les postes sont changés en moyenne tous les 5 ans. Soit une économie par an de 12 775 400 * (20/100) *(400-100) / 5 = 153 304 800 €
Cette économie permettrait de former les professeurs, instituteurs et payer des entreprises de logiciels libres pour créer ou améliorer les quelques rares applications spécifiques qui n’existent pas sous logiciels libres.
Les avantages sont multiples : la création d’emploi, des bénéfices conséquents pour l’éducation nationale, la sécurité contre les virus, spyware, malware, la longévité d’un système qui consomme moins de ressources.
La séparation des commandes de matériel
Lorsque les commandes de matériel sont faîtes, souvent les ordinateurs sont inclus dans des lots.
Cela empêche les reconditionneurs de proposer des ordinateurs, car ils n’ont pas les autres éléments du lot. Il faudrait donc séparer les lots.
On retrouve ce problème aussi pour les cartouches d'encre et toners qui sont souvent dans le lot papeterie. Il est alors difficile de les reconditionner en les remplissant une fois vides. Remplir soi-même, c’est 95*% moins cher. Remplir par un professionnel c’est entre 30 et 70 fois moins cher, selon le modèle. En plus, des entreprises font même la livraison pour simplifier la vie !
DEEE et produits dangereux
Ils sont considérés par la réglementation environnementale en vigueur comme étant des déchets dangereux, car ils contiennent des substances réglementées.
Les opérateurs sont soumis à des règles strictes en matière de droit du travail et de droit de la santé, les DEEE étant considérés comme des déchets dangereux.
En effet, l’instabilité chimique des composants est une réalité quand ceux-ci exposés aux conditions climatiques.
Cependant des ordinateurs stockés dans les conditions nécessaires à leur reconditionnement ne sont pas plus dangereux qu’un ordinateur présent dans un habitat.
Il devrait donc y avoir une dérogation concernant les opérateurs du reconditionnment.
DEEE et pays en voie de développement
Envoyer des ordinateurs reconditionnés aux PED (Pays en Développement) peut paraître une bonne idée pour des écoles, projets associatifs… Cependant, la gestion des DEEE est souvent inexistante et l’impact environnemental catastrophique. L’échange d’une tonne d’ordinateurs fonctionnels contre une tonne de DEEE contrerait cette problématique.
Afin de rendre cela rentable, les DEEE en provenance de « pseudo déchetterie à ciel ouvert » seraient triés dans des conditions de travail humaines et la séparation des pièces effectuées.
Après avoir été testées les pièces fonctionnelles peuvent être revendues ou utilisées sur place pour faire des ordinateurs et les pièces obsolètes, en surplus ou hors service peuvent être renvoyées triées par conteneur en Europe pour être revendues à des recycleurs. Vingt tonnes de matériel informatique peuvent être transportées dans un conteneur (soit environ 40 000 euros à la revente).
Le rapport temps / gain n’est pas vraiment rentable en France, car le démantèlement est très chronophage.
Par contre, au Mali par exemple, le salaire moyen est d’environ 50 €.
Ainsi, des conditions de travail humaines seraient possibles, des bénéfices pourraient permettre le développement local en réduisant l’impact environnemental et en valorisant les matières premières qui auraient été perdues. Pour les ordinateurs donnés en échange, dans le cas des pays chauds, il faudrait les adapter avec plus de ventilateurs pour contrer les effets de la chaleur, un « ennemi naturel » des ordinateurs.
Le reconditionnement dans un bidon en plastique de vingt litres est également pratiqué dans plusieurs pays d'Afrique : Jerry Do-It-Together. En france, l'association Jesuisjerry. en a fait sa spécialité.
Serveur "le Jerry Trésor" qui a hébergé l'application pour voter le meilleur hacker lors de Africa Web Festival 2015: un produit d'AYIYIKOH
Voir aussi les tutoriels d'Emmabuntüs
[2] http://www.education.gouv.fr/cid5711...-chiffres.html
[3] http://www.education.gouv.fr/cid7903...-europeen.html
En 2012, en France, les établissements scolaires disposent de 20 postes pour 100 élèves, soit 7 de plus qu’en 2006. La France se situe au 18ème rang européen pour l’équipement informatique des écoles et au 12e rang pour celui des collèges. Les lycées d’enseignement général et technologiques et les lycées professionnels français se placent respectivement aux 4ème et 5ème rangs européens.
Source Ordi-Linux.org
Dessins Clémence Bourdaud
Et vous ?
- Pensez-vous qu'une nouvelle cohésion peut naître en faveur d'un meilleur réemploi local et social des ordinateurs ?
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PS : Article publié sous licence CC-BY-SA